Et si la laine des brebis Lacaune avait de l’avenir ?

En mars, une conférence sur la filière laine et la valorisation de la laine a été organisée au Lycée agricole La Cazotte, avec Jean Rouanet, David Perrot, et Jean Pierre ROMIGUIER.

Et si la laine des brebis Lacaune avait de l’avenir ? brebie Lacaune

Cette question est loin d’être anodine en particulier dans le premier département moutonnier de France. L’Aveyron compte en effet 530 000 brebis laitières et 103 000 brebis de race à viande. Ainsi, en mars dernier, quatre élèves de BTS en production animale au lycée agricole La Cazotte* ont organisé une journée sur le thème « Filière et valorisation de la laine », avec à la tribune Jean ROUANET, collecteur de laine et fabriquant de literie, créateur de l’entreprise Dormilaine et David PERROT (tondeur), et Jean Pierre ROMIGUIER, fondateur et gérand du « Sac du berger », fabriquant des objets artisanaux en cuir mais aussi en laine.

Si les qualités premières de la laine (produit naturel, renouvelable, biodégradable) sont de plus en plus prisées par les consommateurs, elles sont « boudées » par les éleveurs français qui la voient « comme une charge », elle fait partie du revenu de leurs homologues de l’hémisphère sud (Australie, Nouvelle Zélande, Argentine …). Ainsi il n’est pas rare d’entendre les éleveurs de l’hexagone dire « la laine ne paie pas la tonte ». Cela tient à plusieurs paramètres « jusqu’en 1990, en France, les prix tenaient » a indiqué Jean Rouanet. « Ensuite il se sont effondrées et ne sont jamais remontés. Tous les outils de transformation oint fermé.Pourtant on peut valoriser la laine en France. Elle a de l’avenir parce qu’il y a du potentiel au niveau du consommateur. »

Et d’appuyer sur un paradoxe : « A caractéristiques technologiques égales (finesse, longueur), une laine française se vend 3 à 4 fois moins chère qu’une laine néo-zélandaise alors qu’elles peuvent se trouver en mélange dans un même produit ».

L’avenir est dans la main des éleveurs

Globalement ce professionnel explique les prix bas par une mauvaise qualité de la laine française avec une présence de matière végétale, de fibre de couleur (noir, beige), de corps étrangers (peintures, fibres de sacs d’engrais), de nuance jaune, avec une hétérogénéité des finesses. A cela il ajoute le fait que la filière de la laine en France soit désorganisée par rapport aux pays anglo-saxons..

Autant de raisons qui font que le prix de la laine est bas, ce qui provoque chez les éleveurs un désintérêt pour la laine : « Si l’éleveur ne veut pas s’impliquer dans la transformation, il faut réussir quelque chose avec les tondeurs et les négociants… et récréer une interprofession. L’avenir est dans la main des éleveurs s’ils pensent que la laine peut redevenir un produit.

Indiquant au passage que la laine « reflète l’état général du mouton », Jean Rouanet a donné ensuite les différents usages de la laine en fonction de la race ovine.

Qu’en est-il pour la laine des brebis Lacaune ? Cette laine courte peut avoir comme utilisation la fabrication du fil entrant dans la conception d’éléments de literie, de couvre-chefs et de vêtements.
Et pour que la laine française, et les brebis Lacaune en particulier soit mieux valorisée, Jean Rouanet a insisté sur l’importance « d’améliorer le processus de tonte et de faire un bon tri pour faciliter la transformation en éliminant les toisons défectueuses et les corps étrangers et en homogénéisant les lots de laine en fonction de leur utilisation finale.

En conclusion il a rappelé qu’une valorisation est possible à condition que les éleveurs s’investissent dans une interprofessionnalité à recréer ce qui semble le cas dans le rayon de Roquefort.
Benoit Garret,
Mathias Lopez, Ludovic Vezy, Valentin Bertrand et Quentin Guilloux

Article paru dans le Progrès Saint Affricain du 28 juin 2018